Arrivé à un moment dans la campagne de récolte des betteraves, le bâchage des silos s’impose. Une tâche auparavant réalisée à la main, mais dont la mécanisation s’est généralisée ces dernières années.
Sur ce marché de niche qu’est le bâchage mécanisé des tas de betteraves, l’allemand Klünder est l’un des principaux acteurs. Cherchant une solution pour ne plus bâcher à la main, André Scheer, entrepreneur de travaux agricoles en Alsace, a découvert la machine Klünder lors d’une démonstration en Allemagne. Depuis, il distribue la marque en France, également connue pour ses arracheuses d'herbe à pneus.
« Cela fait onze ans que l’on bâche mécaniquement en France, témoigne André Scheer, qui a été l’un des premiers dans l’Hexagone à mécaniser cette tâche. L’intérêt de couvrir les betteraves est de les protéger du froid, mais aussi de diminuer la tare terre. Comme elles sont couvertes, les betteraves "sèchent" à l’intérieur du tas, tout comme la terre qui les colle. Le déterrage s’en trouve ensuite facilité avec une terre qui s’effrite et reste sur place. »
La mécanisation du bâchage et du débâchage simplifie cette opération de couverture du tas et économise de la main-d’œuvre. Elle offre aussi un meilleur débit de chantier et plus de réactivité pour intervenir.
La mécanisation du bâchage et du débâchage simplifie cette tâche de couverture du tas et économise de la main-d’œuvre.
Jusqu'à 10 000 tonnes couvertes par jour
« Le débit de chantier est aléatoire et dépend de la distance entre les silos à bâcher, indique-t-il. Le vent et la forme du tas peuvent aussi être des facteurs limitants. Mais il est possible de couvrir jusqu’à 10 000 à 12 000 tonnes par jour dans le meilleur des cas. »
Pour assurer des volumes comme cela, André Scheer estime que deux personnes sont nécessaires, mais que l’idéal est d’être à trois. Si la pose de la bâche n’est pas le souci, il s’agit surtout d’optimiser la logistique autour et gagner en confort de travail (accrochage/décrochage de la remorque pour les bâches, contrôle de la pose, etc.).
« Quant au débâchage, deux personnes suffisent, précise-t-il, car il n’y a plus à contrôler si le géotextile est bien posé. Pour la reprise, il suffit d’enrouler la bâche avec la grue et de la ranger tel quel. L’idéal est de la stocker à l’abri du soleil. J’ai les mêmes bâches depuis dix ans et si elles ne sont pas abîmées ou déchirées, elles peuvent servir plusieurs années. »
Un investissement de 60 000 euros
La machine est constituée d’un bras de grue attelé au relevage arrière du tracteur et monté sur une tourelle qui pivote à 360°. À l’extrémité du bras se trouve un pic rotatif de 6 m sur lequel la bâche géotextile est enroulée.
À l’avant du tracteur, un disque monté sur châssis télescopique est entraîné hydrauliquement et tourne proportionnellement à la vitesse d’avancement. Il sert à enfoncer la bâche dans le tas sur tout le tour de celui-ci et à la maintenir sur le silo jusqu’au débâchage.
« La machine fonctionne en bus Can et se gère avec un monolevier. Ce dernier contrôle l’outil arrière et avant. Côté tarif, il faut compter 60 000 euros pour l’ensemble machine avant et arrière », souligne l'entrepreneur.
À l’avant du tracteur, un disque monté sur châssis télescopique sert à enfoncer la bâche dans le tas.
Adaptée pour couvrir des tas plus larges
Conçue à la base pour couvrir des silos destinés à être repris par des avaleurs, la grue Klünder a été renforcée en hydraulique et rallongée de 80 cm. Une adaptation pour le marché français où les déterreurs à trémie sont très présents et avec des tas plus larges.
« Ces derniers peuvent aller jusqu’à 15 m de large, voire plus, là où les tas repris à l’avaleur ne doivent pas excéder 10 m de large », estime André Scheer. Des tas larges qui peuvent nécessiter d’être remontés afin d’obtenir une forme triangulaire et d’éviter un plat sur le dessus où l’eau peut stagner.
D'autres applications possibles?
D’abord destinée aux silos de betteraves sucrières, la grue peut s’envisager sur d’autres applications, comme la couverture de tas de pommes de terre fécules. « J’ai eu l’occasion de dérouler du voile P17 sur pommes de terre après plantation, évoque l’entrepreneur alsacien. La grue a aussi servi à poser du géotextile dans les travaux publics et en Autriche, elle sert pour bâcher des tas de compost. »
La grue Klünder a été renforcée en hydraulique et rallongée de 80 cm pour s'adapter au marché français et à ses tas parfois plus larges.
Une machine de bâchage qui s’attelle sur chargeur télescopique
La société belge Keymolen Agri propose également une machine pour le bâchage/débâchage des tas de betteraves ainsi qu’un disque pour la finition du bâchage. La bâcheuse de tas Coverbeet dispose d’un tube sur lequel la bâche est enroulée. L’appareil s’attelle sur un chariot télescopique ou un chargeur frontal, à la place du godet, et sert aussi bien à dérouler, qu’à enrouler le géotextile. Un contrepoids est monté à l’opposé du tube pour contrecarrer le poids de la bâche, notamment lors de l’enroulement. La gestion de l’enroulage et du déroulage peut s’effectuer depuis l’extérieur de la cabine, grâce à une télécommande.
Pour sa partie télescopique, la machine est désormais montée avec des patins d’usure de flèche de chargeur télescopique. La Coverbeet intègre également un disque pour enfoncer la bâche. Ainsi, un seul opérateur peut couvrir et enfoncer la bâche avec la même machine. L’entraînement des outils est hydraulique et réclame un débit de 40 l/min, d’après le constructeur. Celui-ci indique que le bâchage peut être effectué par le chauffeur seul du télescopique, s’il n’y a pas de vent. Sinon, deux personnes en plus sont nécessaires pour tenir le géotextile. Quant au débâchage, il peut se faire uniquement avec la machine et sans aide extérieure. Enfin, la Coverbeet est tarifée à 19 500 euros et est proposée en double attelage (Manitou et JCB).
